Les freins et les obstacles

EMA = Education aux Médias Audiovisuels

 

Nous tentons ici de faire un point objectif, mais il s'agit d'hypothèses à partir de nos observations et de nos connaissances. Leurs vérifications nécessiteraient une enquête approfondie, sans doute trop longue et trop chère pour nous à réaliser. Faire connaître les freins et les obstacles au développement de l'EMA, permettra, espérons le, de les lever plus rapidement. N'hésitez pas à nous faire part de vos avis et autres commentaires sur cette page, par e.mail à adeif.video@gmail.com .

Rappelons que les activités d'EMA doivent pouvoir être proposées dans les établissements scolaires et les structures d'accueil éducatif de façon régulière et autonome, sans nécessairement faire appel à des intervenantes ou intervenants spécialisé(e)s extérieur(e)s. C'est l'une des principales conditions du développement de l'EMA. On ne peut donc pas considérer le manque de moyens financiers des établissements pour faire appel à des spécialistes comme un frein objectif à cette nécessité de développement. Par contre, le manque de formation des personnels enseignant et d'animation restreint particulièrement les possibilités d'activités de qualité et régulières, nous y reviendrons un peu plus loin.

 

Nous avons classé nos hypothèses par ordre décroissant d'importance (des freins et obstacles les plus importants au moins importants).

 

> les principaux enjeux éducatifs et sociétaux de l'EMA sont probablement mal saisis et ne sont pas considérés comme prioritaires par la très grande majorité de la population, notamment des responsables éducatifs et des élu(e)s. Les bénéfices des activités d'EMA semblent autant mal saisies que les conséquences de leur absence ou insuffisance, que ce soit sur le développement du sens critique, de l'éveil culturel ou des capacités d'expression. Pourquoi ? Peut-être d'abord parce qu'ils ne sont pas suffisamment expliqués, diffusés et, quand ils le sont, pas de façon suffisamment accessibles, synthétiques est claires pour le plus grand nombre.

Les enjeux de l'EMA ne se limitent pas uniquement au développement de l'esprit critique (un enjeu déjà essentiel), ils relèvent également de l'éveil de la capacité d'expression par l'image et par les médias (information, communication, création artistique...). En cela, on peut aussi regretter que l'outil vidéo ne soit pas davantage utilisé en temps scolaire comme en temps libre, surtout depuis 10 ans, alors que la grande majorité des ados disposent d'une caméra sur eux (smartphone) !

La pédagogie de l'EMA semble également très mal connue (quelles méthodes et quelles activités souhaitables et répondant réellement aux enjeux). Elle ne se réduit pas à des projets de réalisation vidéo (fiction, reportage, clip...), entreprises complexes et souvent difficiles, mais peut faire l'objet de multiples activités beaucoup plus simples, plus rapides, et à la portée de tous les professionnels de l'enseignement, de l'éducation et de l'animation.

 

> une demande très limitée ; la grande majorité des adultes (parents, enseignantes et enseignants, éducatrices et éducateurs..) ne semblent pas réellement être inquiets de voir les enfants et les jeunes passer une partie importante et grandissante de leur temps devant la TV, les jeux vidéos, les réseaux sociaux, un tendance lourde devenue une norme..."Ça n'empêche pas de s'en sortir socialement, professionnellement ... il faut savoir vivre avec son temps, etc.". N'est-ce pas dû aussi à un manque de recul, une difficulté à remettre en cause son mode de vie considéré comme conforme. Généralement, ces modes de vie paraissent se reproduire d'une génération à l'autre (par habitude et mimétisme, les enfants regardant par exemple le plus la télé sont ceux dont les parents l'ont aussi beaucoup regardé et la regardent encore beaucoup). Par ailleurs, le nombre de parents ayant demandé à un établissement scolaire ou d'accueil éducatif* de proposer des activités d'EMA doit être sans doute particulièrement dérisoire.

*services jeunesse, centres de loisirs, centres ados,  MJC, médiathèques, cinémas...

 

 

> retard de l'Education Nationale pour adapter ses programmes aux besoins d'éducation et d'enseignements actuels. Les activités scolaires sur l'image fixe semblent assez courantes, mais beaucoup plus facultatives et rares sur tout ce qui relève de l'EMA.

 

> pas assez de formations d'adultes en général. Les formations destinées aux enseignants et professionnels de l'animation enfance-jeunesse sont rares, facultatives et peu demandées. Par ailleurs, pour être performantes, les formations doivent s'appuyer sur des expériences vécues, des pédagogies ayant fait leurs preuves, mais aussi être adaptées aux réalités des structures et des adultes participants (effectifs de jeunes, effectifs d'encadrement, équipements, etc.). Le niveau de compétences des adultes entrant en formation doit être aussi pris en compte (niveau d'étude et/ou de formation, expérience professionnelle, compétences pédagogiques, compétences techniques).

 

> manque d'encouragements vers les métiers de l'image et des médias audiovisuels. La rareté de ces métiers sur notre département, comme sans doute sur tous les départements plutôt ruraux, en est sans doute une des principales causes. Ils se concentrent dans les grandes métropoles, en particulier en Ile de France : employés de télévision, journalistes/reporters d'images (JRI), réalisateurs et techniciens de cinéma, etc. Aussi, certainement rares sont les enfants et les jeunes de Loir-et-Cher ayant de ce fait un parent ou un proche travaillant dans ce domaine. Certainement rares sont ceux pouvant baigner dès leur plus jeune âge dans un environnement propice à un désir d'orientation vers ces métiers et c'est pourtant un facteur particulièrement déterminant.

 

> pas assez de professionnels de l'EMA de terrain, travaillant à plein temps dans ce domaine. Il s'agit sans doute d'abord d'un manque de candidat(e)s, mais aussi d'un manque de moyens financiers (par exemple, ADEIFvidéo ne peut pas embaucher plus d'un salarié), d'un manque de demandes d'activités d'EMA de la part de la population et un manque de formations professionnalisantes.

 

> pas assez d'associations et de services publics dédiés entièrement à ce domaine.

 

> pour le temps scolaire, des enseignants souvent déjà trop sollicités par leur programme et des conditions de travail difficiles.

 

> des amalgames et des confusions entre éducation au numérique et éducation aux médias. Ces deux champs éducatifs ont des objectifs différents. La majorité de leurs activités sont différentes, quelques unes sont équivalentes (notamment l'initiation au montage vidéo). Les principaux objectifs de l'éducation au numérique : maîtrise des technologies numériques et lutte contre l'illectronisme (par exemple le codage), créativité et innovation numérique (par exemple la création d'objets avec des machines outils), expression par le numérique (par l'exemple l'art numérique, connaissance et respect des principes et des lois d'éthique et de liberté numérique).

 

> les limitations d'utilisation, à titre gracieux, de toutes réalisations non libres de droits (TV, web, DVD...).

 

> le secteur marchand ne s'empare pas de ce domaine éducatif :

  • pas de formation dans le secteur privé (non associatif ou public)
  • très peu de créations d'outils pédagogiques de qualité utilisant des images filmées (comme par exemple la table mash up et les jeux éducatifs d'ADEIFvidéo)
  • pas de jeux vidéo exploitant cette thématique (à quand un simulateur de JT ou de gestion de chaînes TV !), d'autres exemples pourraient sans doute être trouvés...

 

> des projets d'activités parfois inadaptés et démotivants, entrepris en temps scolaire ou dans les structures d'accueil éducatif, notamment des projets de réalisation trop ambitieux, trop longs, trop complexes, arrivant trop tôt dans le processus initiatique. Des projets de réalisation où parfois même il s'agit trop de demander aux enfants ou aux jeunes d'imiter et de singer, sans suffisamment leur permettre de comprendre, ni de s'exprimer, ni de bénéficier de réels apprentissages. Bref, des projets pouvant être finalement assez démotivants pour ses organisateurs et ses participants. Ces mauvaises expériences peuvent aussi dissuader de faire de l'EMA pour celles et ceux considérant qu'il s'agit toujours nécessairement d'entreprendre un projet collectif de réalisation.

 

> manque de matériel adapté dans les structures d'accueil enfance/jeunesse et dans les écoles primaires. A notre connaissance, les collèges et lycées du Loir-et-Cher semblent mieux équipés. Un PC suffisamment puissant et un logiciel de montage intuitif et performant seront déterminants pour encourager de multiples activités créatives (donc Windows Movie Maker est à bannir). Pour la prise de vues, ne pas se contenter des smartphones des jeunes, mais opter pour un caméscope de base, avec au moins deux batteries, au moins deux cartes SD 16 Go et un trépied.

 

> manque de mutualisation des compétences, des ressources, des moyens de communication, des offres de formation entre les différents organismes oeuvrant pour l'EMA. Bilans détaillés et précis des pratiques pédagogiques beaucoup trop rarement rendus publics et accessibles sur le web.